Le concert spirituel de Pâques organisé par Acanthes, avec le partenariat de Radio fidélité
Les secrets de nos coeurs
Musique par la semaine sainte de Purcell à Buxtehude
Le 4 avril 2007
Eglise Sainte-Croix
tarif 18 euros
réduit 13 euros
pass culture pour les lycéens
Interprété par le prestigieux ensemble Stradivaria (direction Daniel Cuiller)
et l'académie de musique sacrée de saint Anne d'Auray (direction Richard Quesnel)
Baryton : Alain Buet
Réservation Fnac, Harmonia mundi, ou billeterie sur place
Venez nombreux
En avant-première, présentation des oeuvres interprétés :
Le temps liturgique du carême a souvent favorisé la production d’œuvres musicales d’une très grande richesse. Il s’agissait en effet pour les compositeurs de fournir des partitions susceptibles d’édifier les fidèles et de nourrir leur méditation soit au cours des offices solennels, soit sous la forme de concerts spirituels. La Semaine Sainte, véritable drame religieux à part entière, est à notre époque encore particulièrement propice pour donner un cadre unique aux artistes, rempli à la foi de gravité et d’intimité : qu’il nous suffise de citer ici les célèbres passions de Jean-Sébastien Bach ou encore les leçons de ténèbres de Charpentier, Delalande et Couperin.
Le programme de ce concert ne propose pas des œuvres créées à l’origine pour la semaine sainte. Par contre, il est tout à fait possible d’affirmer qu’elles délivrent toutes un message en parfaite harmonie avec ce contexte liturgique si particulier.
Si Henry Purcell est surtout connu pour ses odes et sa musique de scène (dont son célèbre -et unique- opéra Dido and Aeneas), il ne faut pas oublier qu’il fut aussi l’un des principaux chantres de la liturgie anglicane. Son anthem « O God, thou art my God » est un chant de louange mais aussi de confiance en Dieu, et nous pouvons considérer que l’âme assoiffée dont il est question dans ce psaume, peut trouver un écho particulier lorsque nous considérons par exemple le personnage de Marie-Madeleine au pied de la croix, qui avait soif de grâce et de miséricorde.
Les deux anthems, « Remember not Lord our offences » et « Lord, how long wilt thou be angry », sont aussi un vibrant appel à la miséricorde divine. Là encore, nous pouvons retrouver sans peine l’esprit du carême, puisque beaucoup de fidèles prient pendant ces quarante jours pour le pardon de leur fautes.
Les Funeral sentences, sans doute les pièces sacrées les plus connues de Purcell, furent composées pour le service funèbre de la Reine Mary (1695), emportée prématurément par la variole. Cette méditation musicale sur la brièveté de la vie et sur la justice divine est également tout à fait appropriée pour la semaine sainte. Le paisible anthem qui achève cette longue lamentation, après les accents torturés qui l’ont précédé, manifeste clairement la confiance absolue dans la bonté de Dieu : « Vous connaissez, Seigneur, les secrets de nos cœurs ».
Le « De profundis » (Des profondeurs, je crie vers Toi Seigneur) a très souvent été mis en musique au cours des siècles, en raison de la richesse de son texte et de son emploi fréquent dans la liturgie des défunts. Nikolaus Bruhns, organiste à Husum et mort à seulement trente-deux ans, nous a laissé une cantate basée sur ce psaume qui commence comme une plainte gémissante et qui s’achève sur une note d’espérance.
La musique de Dietrich Buxtehude mérite sans aucun doute d’être redécouverte par le public. Si beaucoup de mélomanes connaissent ses œuvres pour l’orgue, peu d’entre eux ont entendu ses œuvres vocales d’une très grande qualité. Buxtehude est sans aucun doute le plus grand précurseur de Bach. Sa cantate « Gott hilf mir » est un très bel exemple de dialogue entre les solistes et le chœur, intimement mêlés. Du reste, l’image de l’âme qui veut traverser l’eau nous relie là encore au message pascal puisque la Pâque, traditionnellement, commémore le passage de la mer rouge par les Hébreux. D’ailleurs, l’intervention de Dieu (« N’aie crainte ! Si tu dois traverser l’eau, je serai à tes côtés, afin que tu ne te noies pas dans les courants ») renforce cette idée avec pertinence.
Angoisse et espérance, ombre et lumière, doute et vérité : tout le message de la Semaine Sainte se retrouve en filigrane dans les œuvres sacrées qui composent ce programme. Elles nous prouvent que la musique n’a pas seulement pour vocation de divertir : elle a aussi pour mission de nous délivrer un message susceptible d’apporter une réponse aux questions fondamentales de l’homme confronté au mystère du mal et de la mort.