14 Juillet 2012 : Journée Cathelineau

Voilà vingt ans, chaque 14 juillet, qu’un hommage est rendu à Jacques Cathelineau, premier généralissime des Armées catholiques et royales de la Vendée. C’est dire à quel point nous avons à cœur de raviver nous aussi, à chaque anniversaire, la flamme du souvenir, aux côtés de nos amis du Souvenir Chouan de Bretagne.

Nous étions, hélas, moins nombreux que la multitude qui se pressa à l’appel du Souvenir Vendéen en 1959, pour la journée organisée au Pin-en-Mauges en l’honneur du Saint de l’Anjou, comme nous l’a raconté Jean Brochard, notre intarissable guide ès histoires de la Grande Guerre. Après tout, la mémoire ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, et beaucoup de nos contemporains en ont perdu l’usage… Sans épiloguer sur ce point, on apprend aujourd’hui que 60% des 18-24 ans disent ne jamais avoir entendu parler de la rafle du Vél d’Hiv. Un événement vieux de seulement 70 ans ! Imaginez qu’on les ait interrogés sur le 14 juillet, le résultat eût été calamiteux. Heureusement qu’il reste des jeunes pour sauver l’honneur. La preuve ? On les a retrouvés à cette journée d’hommage à Cathelineau.

Comme l’an dernier, ce 14 juillet a commencé à La Boissière-du-Doré, commune fichée au beau milieu des marches d’Anjou et de Bretagne, entre Mauges et vignoble nantais. On ne saurait conseiller meilleure adresse pour déjeuner en pareille circonstance, la bien nommée Auberge des Brigands tenue par notre ami Camille Emeriau. Hospitalité et convivialité ont marqué cette première étape de notre journée, avant de prendre la route en direction de Saint-Florent-le-Vieil.

Nous étions relativement à l’heure au rendez-vous donné à la chapelle Saint-Charles. Jean Brochard nous y attendait, ainsi que d’autres participants venus se joindre à nous. Chacun a pu prendre place sur les bancs du petit sanctuaire pour écouter notre historien conter les derniers jours de Jacques Cathelineau, avant de déposer solennellement une gerbe sur sa tombe. Après une prière à la mémoire du Saint de l’Anjou, nous sommes partis gravir la colline du Montglonne pour un passage obligé à l’église abbatiale de Saint-Florent. Jean Brochard nous y a conduits, non par l’entrée principale, mais par la porte Charlemagne qui ouvre sur les anciens bâtiments monastiques où étaient enfermés les prisonniers républicains graciés par Bonchamps le 18 octobre 1793. De là, un portail ouvrant sur le transept méridional, inchangé depuis cette époque, nous a permis d’accéder à l’église.

Jean Brochard en a assuré une visite complète : le tombeau de Bonchamps, chef-d’œuvre du sculpteur David d’Angers, les verrières du chœur retraçant les épisodes locaux des Guerres de Vendée et le musée lapidaire exposant dans la crypte la première pierre tombale de Cathelineau. Au sortir de l’église, un vent puissant a déployé nos drapeaux pour une belle photo de groupe sur le parvis. A quelques pas de là, Noël Stassinet, le président du Souvenir Chouan de Bretagne, nous a menés au bord du belvédère pour évoquer les événements du 18 octobre 1793, afin de situer le passage de la Loire dans le splendide panorama qui s’étendait à nos pieds.

L’étape suivante se trouvait à l’écart de la ville, à la confluence de l’Evre et de la Loire : Notre-Dame du Marillais. Le sanctuaire toujours vénéré a été reconstruit à la charnière des XIXe et XXe siècles bien après les destructions de la Révolution. Parmi ses grandes verrières éclatantes de couleurs, on remarque près du chœur une baie dédiée au Père de Montfort, et à gauche de l’entrée une scène émouvante du Champ des Martyrs, le 25 mars 1794.

C’était là notre ultime étape, à quelques centaines de mètres derrière Notre-Dame du Marillais. Le Champ des Martyrs fut un lieu d’exécutions de masse de milliers prisonniers vendéens au plus fort de la Terreur, à la fin de l’année 1793 et au début de 1794. Un autel de pierre érigé par le Souvenir Vendéen en 1953 rappelle ces événements tragiques dont Jean Brochard nous a parlé avec émotion avant d’entonner une prière en mémoire de tous ceux qui tombèrent en ce lieu.

Notre groupe a ensuite regagné le point de ralliement, près de la chapelle Saint-Charles, pour déguster la brioche vendéenne arrosée par le traditionnel cidre breton de l’amitié, ponctuant ainsi cette agréable journée. Remercions une fois encore sainte Claire de nous avoir préservés de la pluie jusqu’à la dernière minute (et quelle minute !).

Petite assemblée pour le déjeuner à l'Auberge des Brigands à La Boissière du Doré où nous étions reçus par les Brigands Emeriau, propriétaires cuisiniers de cette auberge qui, pour la deuxième fois, ouvrait un 14 juillet, au grand plaisir des touristes de passge qui purent bénéficier d'une très sympathique et naturelle nourriture.

Contrairement à la période que nous commémorions, pas de Bleus à l'horizon ! Ils devaient sans aucun doute défiler pour la Fête de la Fédération.

A l'heure (presque) fixée, nous avons rejoint monsieur Jean Brochard qui nous attendait avec un renfort de Vendéens costumés et non-costumés, faisant monter notre effectif à une trentaine de participants. Ce qui était largement plus satisfaisant que quatre participants pour l'A.G. d'une association au parc Soubise !

Malgré une fatigue évidente, Monsieur Jean Brochard nous parla avec son enthousiasme habituel de Jacques Cathelineau blessé lors de la tentative de la prise de Nantes le 29 juin 1793, mort des suites de sa blessure à Saint Florent le Vieil à l'âge de 34 ans. Il repose, en cette chapelle Saint Charles, près de son fils tué par les gendarmes de Louis-Philippe à La Chaperonnière à l'âge de 55 ans en 1832, lors du soulèvement créé par la duchesse de Berry.

Pour son dépôt de gerbe Jean Brochard demanda à deux jeunes enfants de l'assister.

La visite de l'église abbatiale permit, à ceux qui ne le connaissaient pas, de contempler le gisant de Charles Melchior Artus de Bonchamps dans son célèbre geste :"Grâce aux prisonniers".

Il faut rappeler ce geste de grâce et pardon à l'égard de CINQ MILLE SOLDATS prisonniers que les Vendéens voulaient tuer, non pas parce qu'ils gênaient mais plutôt parce qu'ils avaient commis certaines exactions.