Quand la Chine investit dans le lait breton…

Il y a quelques jours, le producteur chinois de produits infantiles Synutra a annoncé qu’il comptait investir près de 100 millions d’euros avec le groupement français de producteurs laitiers Sodiaal, dans le but de « répondre aux besoins toujours plus importants du marché chinois ». S’il on peut se réjouir d’un certain côté de la reconnaissance internationale de notre industrie laitière, par sa qualité et son savoir-faire, l’on peut également se poser la question de la pertinence d’une exportation catalysée alors que la France importe plus de 280 000 litres de lait par an.

Reflet de la balance commerciale française, la filière laitière française souffre de nombreux boulets économiques et financiers. Outre les tumultueuses variations du cours du lait (source des nombreuses manifestations de la Crise du Lait de 2009), il faut également noter les absurdes quotas laitiers imposés par l’organe agricole de l’Europe, bien nommé Politique Agricole Commune. L’Allemagne a su prendre le virage et adopter une politique agricole pérenne : avantage en TVA, amélioration du régime fiscal des exploitations, aides à l’investissement et la mise en place d’un véritable plan d’aide à l’agriculture en 2010-2011, le SonderProgramm (Plus d’informations ici)

Faut il dès lors s’étonner de voir la filière laitière française s’effriter, perdre près de 40 % de son nombre d’exploitations en quelques années (près de 148 000 exploitations en 1995, plus que 85 000 en 2010) ? Si le modèle allemand n’est évidemment pas à copier ni à singer, il serait quand même bon qu’une sérieuse politique agricole soit mise en place au niveau nationale, renforcée par des associations professionnelles garantissant le savoir-faire et la qualité française, dans des exploitations sorties de l’actuel étau financier.