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 Les fantasmes bretons de Victor Hugo

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Julien

Julien


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MessageSujet: Les fantasmes bretons de Victor Hugo   Les fantasmes bretons de Victor Hugo Icon_minitimeLun 26 Mar - 4:46

« Je veux être Chateaubriand ou rien ! » écrivait un collégien qui lisait « Le Génie du christianisme » pendant les cours de mathématiques. Ceci se passait en 1816. Le collégien grandit. Il ne fut pas Chateaubriand ; il fut Victor Hugo...

Afin de concurrencer l’Enchanteur malouin, le jeune Hugo entreprit de se naturaliser breton et de se proclamer royaliste. Ainsi se créent les légendes familiales. Celle-ci, toute fausse qu’elle soit, colle encore aux biographies du « plus grand poète français, hélas... » On sait ce qu’il faut savoir de son « père, ce héros au sourire si doux... », Léopold, dit Brutus, Hugo. Ni Breton ni Blanc, mais Bleu et Lorrain. Victor décida donc de transformer sa mère en héroïne chouanne. En vérité, Sophie Trébuchet, héritière de négriers nantais virulents républicains, nièce d’une égérie du sinistre Carrier, se prêtait assez mal à ce rôle. Qu’importe ! Sophie n’était pas chouanne en 1793 ; elle prétendait l’être devenue en 1813, mais c’était pour se venger de son général de mari et de l’Empereur qui venait de faire fusiller son amant, M. de Lahorie, sottement compromis dans la conspiration de Malet. A chacun ses motivations ! Victor ne se posait pas de questions sur celles de sa mère. Le temps avait passé. Une autre Bretonne avait surgi dans l’existence de Hugo, en passe déjà de devenir célèbre. Elle était fougeraise, se nommait Juliette Gauvain, patronyme que, montée à Paris, cette jeune fille avait transformé en Drouet. Juliette se disait comédienne. Comme elle avait beaucoup de charmes et assez peu de talent, elle vivait des premiers plutôt que du second. Elle avait débuté en prêtant ses traits à la statue de Lille place de la Concorde... En tombant amoureux de Juliette, Victor-Roméo se sentit plus breton que jamais. L’amateur de castagnettes, de mantilles, d’hidalgos ou d’orientales qu’il était commença à s’intéresser aux binious et aux marins pêcheurs.

Discrètement d’abord. « La Fiancée du Timbalier », drame en vers médiéval, lui fut surtout prétexte à se gargariser de mots rares et de décors gothiques en passant en revue le ban et l’arrière-ban de « Monseigneur le duc de Bretagne » avant que l’héroïne tombe « pâle et mourante », périssant d’amour en apprenant la mort de son bien-aimé.

Ces charmantes fantaisies en costumes, dans le plus pur « style troubadour » avaient ravi Hugo jeune homme et romantique. Elles ne convenaient plus à Hugo vieillissant et socialiste. Avec « La légende des siècles », il risqua donc une approche sociale du marin breton, c’est « Les Pauvres gens », chef-d’oeuvre où le sublime le dispute pied à pied au ridicule. « La cabane est pauvre mais bien close... »

« Mais qu’est-ce donc que Jeannie a fait chez cette morte ? » Drame terrible et obscur : « L’homme est en mer... » La voisine, veuve et sans fortune, meurt de misère, laissant deux orphelins. Et le couple, déjà au bord de la misère et accablé d’enfants, s’interroge et conclut : « C’est dit ! Va les chercher ! Mais qu’as-tu ? Ça te fâche ? D’habitude, tu cours plus vite que ça. - Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux : les voilà ! »

Breton d’emprunt. Royaliste de circonstance...

Hugo se gargarise de la charité des humbles et du spectacle de la tempête qui gronde au dehors. C’est qu’en 1834, visitant la Bretagne avec « Juju », il a découvert la mer à Brest. Il ne s’en remettra jamais et les soirées de l’exil anglo-normand n’arrangeront pas les choses... La Bretagne continue de hanter Victor qui tourne au patriarche biblique mâtiné de Burgrave et de conscience de la République...

L’ancien chantre des Bourbons restaurés, le fils de la pseudo-héroïne chouanne, essaie de comprendre comment l’Ouest, terre de libertés (et non de la déesse Liberté, idole en plâtre de 89) a pu s’insurger contre la Révolution. Paradoxe monstrueux aux yeux de Hugo. Il mijote une explication à sa façon ; ce sera l’épouvantable et désopilant « Quatre-vingt-treize »...

Tout se mêle dans ce roman écrit par un Hugo septuagénaire qui a perdu, avec les idéaux monarchistes et catholiques de son adolescence, tout espoir de comprendre les causes et la grandeur du soulèvement blanc. Le résultat, évidemment, est profondément accablant.

Quand il fait du paysagisme, Hugo fait du Hugo ; c’est-à-dire qu’il joue des effets, des contrastes, des oppositions, des ombres et des lumières, du noir et du blanc, comme Abel Gance le fera quarante ans après au cinéma. La Bretagne de Hugo est hugolienne et sa réalité obligatoirement discutable.

D’abord, ses limites géographiques sont curieusement variables. Ne serait-ce qu’à cause de l’annexion de la Mayenne, le Bas-Maine, qui ne fit jamais partie du duché. Mais cette annexion est indispensable à l’écrivain, qui vient de découvrir « Les Souvenirs de la chouannerie » du Lavallois-Duchemin-Descépeaux, et qui les démarque sans scrupules. Il faut que jean Cottereau et ses pairs soient autant de Bretons qui s’ignorent. Ainsi le livre s’ouvre-t-il sur une patrouille républicaine dans le bois « breton » de la Saudraie en Astillé. Astillé, au sud de Laval, est fort peu breton, mais n’épiloguons pas... Cela priverait de la description de ce bois « tragique », « redoutable », de « ses épaisseurs funestes ». Enfin, « il y a toujours une sorte de soir dans de si sauvages halliers... » Sauvagerie qui n’existe que dans le cerveau de Hugo qui s’empresse de jouer du contraste dramatique en donnant en parallèle une fraîche description du printemps. Il est plus heureux lorsqu’il énumère « les sept forêts de Bretagne » et termine sur une jolie trouvaille : « La Garnache était aux La Trémoille, et Brocéliande était aux fées. » Ce sont des phrases qui sauvent Hugo de l’absurdité...

puis socialiste et mondialiste...

La Bretagne, en 93 et dans « 93 », pour Hugo, se résume ainsi : les forêts, qui abritent les insurgés ; les clochers, symboles de l’antique superstition catholique qui asservit le peuple abruti ; le château, ici celui de la Tourque, architecture composite symbolisant l’oppression héréditaire de la noblesse...

Il faut qu’à ces trois images répondent trois types humains et Hugo s’empresse de les planter avec un manichéisme serein.

Le prêtre, en vérité, n’est guère visible dans le récit, sinon pour rappeler qu’un curé a envoyé aux galères le beau-père protestant de Michelle Fléchard.

Les huguenots n’ont jamais abondé en Mayenne et en Ille-et-Vilaine, mais Hugo en invente, et de l’espèce des Camisards encore !

Le noble trouve une personnification caricaturale dans l’horrifiant marquis de Lantenac, droit sorti d’un cauchemar de Michelet et dont on se demande, ahuri, ou Hugo a pu se procurer le prototype...

mais surtout contempteur des "Blancs"

Reste le paysan. Un seul, par un hasard miraculeux, trouve grâce aux yeux de Victor : jean Chouan, dont il daignera admettre « qu’il confine au baladin » (cela fait plaisir de l’entendre). Mais les autres... « Ce sauvage grave et singulier, cet homme à l’oeil clair et aux longs cheveux, vivant de lait et de châtaignes, ne se servant de l’eau que pour boire, inculte et brodé, parlant une langue morte, ce qui est faire habiter une tombe à sa pensée, aimant sa charrue d’abord, sa grand-mère ensuite, aimant ses rois, ses prêtres, ses seigneurs, ses poux... »

Il y en a trente lignes de cette veine et, en bonne logique, cela devrait être passible des lois sur l’antiracisme... Ailleurs, un aristocrate, parlant des Princes, assure qu’ils sont utiles « pour l’effet sur les gros yeux bêtes des gars », gracieusement ravalés (par Hugo et non par aucun des gentils hommes chouans dans la réalité...) au niveau des animaux.

Dénier l’humanité aux Blancs, tel est, en effet, le propos sous-jacent de tout le livre, comme l’annonce dès les premières lignes l’entrée en scène de la Flécharde qui n’est « qu’une femelle »...

L’horreur de ce portrait forcé et faux des gens de l’Ouest en général et pas seulement du Breton, c’est que, la célébrité de Hugo aidant, il fait encore référence constante auprès des imbéciles.

Tout cela parce que Victor Hugo n’était ni breton ni chouan. La Bretagne et la chouannerie l’ont échappé belle !
Anne Bernet
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