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 " La république pourquoi ? la monarchie pourquoi pas ?

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Citoyen bleu




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Date d'inscription : 17/04/2007

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MessageSujet: " La république pourquoi ? la monarchie pourquoi pas ?   " La république pourquoi ? la monarchie pourquoi pas ? Icon_minitimeMer 30 Mai - 22:16

Le Cercle Louis de Frotté organisait le 9 novembre dernier un débat
au Conservatoire National de Musique de Rouen sur le thème :

" La république pourquoi ? la monarchie
pourquoi pas ? "


Le débat était filmé et les intervenants répartis en deux tables, l'une
ornée du drapeau tricolore, l'autre d'un drapeau fleurdelysé. De l'avis
même du président du Cercle, Michel Cosson, le débat avait été
difficile
à organiser avec les républicains… et plus difficile encore à organiser
avec les royalistes. Par manque de temps, le débat ne devait pas avoir
lieu autant qu'on aurait pu l'espérer, les interventions liminaires des

quatre débatteurs ayant chacune pris de l'ampleur, mais ils se répondaient

dans ces interventions liminaires mêmes. Entre eux, un maurassien
agnostique avait été accepté par les deux parties sinon somme arbitre,
du moins comme garant de la cohérence et du caractère équitable
des interventions.

Le Cercle Louis de Frotté a une vingtaine d'années, et se donne
pour mission de perpétuer la mémoire de la contre-révolution
en Normandie à travers des conférences, des visites et des réceptions
diverses avec pour seul but la vérité historique, sans omission
ou travestissement.

J'espère ne pas trahir les propos des orateurs, je les exprime comme
je les ai notés sur place pendant leurs interventions.

C'est Michel Cosson qui prit la parole pour introduire le débat en ces
termes :

Alors que l'histoire s'accélère et que tout va très vite,
il faut se rappeler que par deux fois la république qui semblait à

peu près assurée a failli être remplacée par une monarchie restaurée.
Qui pourrait dire que jamais la république ne sera remise en cause ?
Alors même que l'on parle de crise de la république, que certains
parlent d'une sixième république, ce numéro 6 paraît bien dérisoire par
rapport à nos Louis qui sont allés jusqu'à Louis XVIII.

D'autant que les monarchistes ont une vision continue et cohérente :
ils acceptent l'actif comme le passif de leur histoire ininterrompue pendant

si longtemps, ce qui leur permet de voir la monarchie comme un
patrimoine non négligeable et une source d'inspiration pour les
institutions du XXIe
siècle. De ce point de vue la monarchie n'est pas le passé et
les monarchistes ont bien compris que toute velléité de retour

pur et simple à l'ancien régime serait dérisoire. Dans la modernité,
plus que d'autres peut-être ils savent - par exemple - que la technique
doit être un outil au service d'une fin et pas une fin en soi.
Aujourd'hui, ils sont répartis en plus de 400 associations qui sont
autant de preuves de vitalité.

Puis M. Mirc, présenté par Michel Cosson comme modérateur
du débat et garant d'un temps de parole équitable pour chacun
, prit la parole pour dire à son tour quelques mots, soulignant lui aussi
que la cause semblait entendue et la république assurée, mais
que par son illogisme même elle chancelait périodiquement, comme
l'avait mis en évidence Maurras dès les origines de l'Action Française,
dans l'Enquête sur la Monarchie, et que ces vacillements républicains
périodiques amenaient des Français de tous horizons et de toutes
origines à se regrouper derrière l'espoir monarchique.

Il présenta aussi les quatre intervenants dans l'ordre où ils
devaient chacun présenter leur exposé liminaire :

· M. Thierry Menissier, professeur de philosophie à l'université
de Grenoble.

· Me Laurent Haye, avocat, administrateur de l'Institut de la Maison
de Bourbon (IMB)

· M. Jean-Robert Ragache, historien et ancien grand Maître du Grand
Orient de France.

· M. Hilaire de Crémiers, journaliste, conférencier, Secrétaire
général de la Restauration Nationale (RN) qui a récemment
lancé la revue Politique Magazine.

Alors que M. Menissier prenait la parole, l'un des petits drapeaux tricolores
qui décoraient la table où il avait pris place au côté
de M. Ragache tomba… ce petit incident passé, il put entamer son
exposé en parlant de la légitimité :

Ce qui l'intéresse en tant que philosophe dans le débat entre
république et monarchie, c'est en effet la légitimité,
les modes de légitimation d'un système politique, ce qui rend
telle ou telle forme de régime légitime, puisque cette légitimité
décide in fine du bien ou du mal du régime, donc de son choix.

Dans le passé on a tenté de légitimer des régimes
qui passent aujourd'hui souvent pour illégitimes : Platon légitimait

l'oligarchie en valorisant l'intelligence politique d'un petit nombre,
la monarchie trouve elle son défenseur le plus classique dans Saint
Thomas d'Aquin et son de Regno.

Tout et n'importe quoi peut-il donc être légitime ?

Sans doute pas, car il faut remarquer ce que ces légitimations ont en
commun : elles jouent sur une représentation de la nature qui énonce
que les hommes ne sont pas égaux, et que c'est par principe qu'ils ne

le sont pas. C'est la conception aristotélicienne énoncée dans la
Politique, qui oppose le statuts civils et domestiques de l'homme et de
la femme, ou la condition de l'esclave et celle de l'homme libre.

Cette vision hiérarchisée de la nature qui imprègne les tentatives de
légitimer la monarchie ou l'oligarchie prennent fin avec la Renaissance
: avec Copernic et ses successeurs, la science n'est plus connaissance

de
la finalité de la nature, et il paraît de plus en plus difficile de
fonder sur la connaissance de la nature un ordre politique.

De ce mouvement sort, avec Hobbes, une idée maîtresse : celle de
l'état de nature, présupposé théorique essentiel qui pose l'égalité des
hommes du point de vue de leur condition initiale. Bien que l'utilité
de cette idée soit toute théorique, il en sort en pratique que l'on
considère les hommes non comme régis par la nature qui les hiérarchise,
mais comme égaux devant une loi impersonnelle.

On peut utiliser, en ne le prenant pas dans le sens très précis qu'il a chez
certains auteurs, le concept de " désenchantement du monde " pour
décrire ce phénomène.

Il faut remarquer aussi qu'il est assez inexact d'opposer le christianisme à

ce mouvement, puisque ce mouvement même vient du christianisme qui a
dit les hommes égaux devant Dieu. C'est en ce sens que l'on a pu parler
du
christianisme comme d'une " religion de la sortie de la religion ".
C'est cela, accompagné d'un mouvement de rationalisation croissant, qui
légitime la république, en ce sens qu'elle rend publiques les
questions politiques, qu'elle les rend aux hommes égaux devant la loi.

Question dans le public : La république romaine était pourtant
une république qui ne connaissait pas ce mouvement de désenchantement
? était-elle illégitime pour autant bien qu'elle fut une république
? comment concilier cela avec vos propos ?

M. Menissier : Il ne faut pas perdre de vue que l'histoire, même quand
on y identifie des mouvements très longs, reste discontinue. Il y a un
mouvement long qui peut se résumer d'un très grand trait comme
un effort vers la neutralité religieuse, vers la laïcité.
Cela rejette effectivement la république romaine du côté
d'un monde ancien comme une république qui avait besoin de l'enchantement du monde sous la forme de sa religion civique.

La parole échut ensuite au camp monarchiste en la personne de Me Haye :

Il y a une divergence entre le principe de légitimité (ou son absence)
en république et le principe de légitimité en monarchie. Cela se
traduit depuis la révolution par une indépendance totale de la loi par
rapport à tout principe supérieur : la loi décide ce qu'elle veut,
quand elle veut.

En monarchie, la légitimité repose sur cela que le roi tient son
pouvoir de Dieu et qu'il se sent ainsi lié lui même par un certain

nombre de principes intangibles et qui se voulaient immuables. Alors
qu'en république les lois sont définies en fonction de majorités de
circonstance,
ce qui est absurde si l'on considère que cela rend n'importe quelle décision
prise à la majorité légitime ipso facto. On peut citer par exemple l'accession parfaitement démocratique d'Hitler au pouvoir).

La
république pèche en faisant cela, et pèche sur les trois principes
qu'elle proclame : la liberté se révèle une tyrannie d'un pouvoir
sans borne exercé sur les individus, l'égalité se révèle une pure
abstraction contraire à l'expérience commune, et la fraternité est, en
l'absence de sentiment d'appartenance à un ensemble réellement commun à
tous, l'appartenance
à l'un ou l'autre groupe, mais dont aucun ne peut se dire proprement
Français.

En contrepoint la monarchie cherche elle à promouvoir des libertés
réelles et non une liberté abstraite : le pouvoir qu'elle donne
aux individus est concret, à leur échelle locale : c'est de cela
que vient le principe de décentralisation, ou encore les syndicats qui
sont l’œuvre des catholiques sociaux. C'est la même chose avec
la justice : là où la loi est impersonnelle et aveugle avec la
république, la monarchie veut rendre à chacun ce qui lui est dû,
selon des principes chrétiens.

La conséquence de cela est la prospérité, car ces principes
monarchiques permettent l'initiative économique, encouragent ceux qui
veulent apporter quelque chose à l'édifice commun. En revanche,
il suffit de penser aux 500 pages de décrets qui régissent l'application
des 35 heures, ou simplement de souligner qu'au plus haut niveau de l'Etat l'exemple
n'est pas donné mais qu'il règne là une absence totale
de moralité, pour voir les conséquences des principes républicains.

La pierre angulaire de cet édifice monarchique c'est bien le pouvoir
du roi, qui est celui qui tranche en dernier recours, sans contestation possible,
sans avoir de comptes à rendre à des groupes de pression économiques
ou politiques. Il est comme le fil rouge sur la route du bien commun, armé
de durée (les arbres qui ont servi à développer la marine
de Napoléon avaient été plantés sous Louis XIV)
et de compétence (par les deux voies du sang et de l'éducation).
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Citoyen bleu




Nombre de messages : 2
Date d'inscription : 17/04/2007

" La république pourquoi ? la monarchie pourquoi pas ? Empty
MessageSujet: Re: " La république pourquoi ? la monarchie pourquoi pas ?   " La république pourquoi ? la monarchie pourquoi pas ? Icon_minitimeMer 30 Mai - 22:16

C'est ensuite M. Ragache qui prit la parole :



Il est incontestable que les rois ont crée quelque chose : la France

territoriale, par des mariages, des conquêtes, des héritages…

Mais la république, elle, a inventé autre chose : l'unité

du peuple français. Que l'on songe par exemple au morcellement juridique

de l'ancien régime. En ce sens, on peut parler d'une complémentarité

entre république et royauté, et même discuter de leurs avantages

et inconvénients respectifs.



Mais il y a une évolution plus profonde : jusqu'au XVIIe siècle,

l'homme est une créature, un sujet ou une personne. C'est à dire

qu'il dépend toujours d'une référence extérieure

à lui au point qu'on ne le définit que par rapport à cette

référence. Le XVIIIe siècle voit naître l'individu,

être unique et donc universel parce qu'il vaut par lui-même.



Ce mouvement s'exprime dans la déclaration des Droits de l'Homme…

ET du citoyen : alors que l'homme est un être concret, privé et

social, le citoyen, lui, est un être abstrait, public et juridique.



Cette déclaration des droits, elle les énumère :



La liberté : elle n'est que relative sous l'ancien régime, d'abord



par manque de moyens de la royauté, mais surtout en raison du cadre

étroit où l'homme se trouve enfermé : l'artisan enfermé dans sa

corporation, ou même le noble enfermé dans sa caste par la règle

de la dérogeance, contrairement à la noblesse anglaise. La révolution

française va bien dans le sens du libéralisme : économique

et politique.



L'égalité

: définie par rapport au roi, c'était une égalité dans la sujétion,

relativement au roi, imparfaite par rapport à celle que procure la loi

impersonnelle et abstraite, égale pour tous.



La

propriété : On ne peut vouloir à la fois les corporations et la liberté

économique.Mais plus profondément, c'est la révolution qui en

abolissant le droit d'aînesse a développé la petite propriété. La

révolution, disait

Tocqueville, a été une " machine à hacher le sol ".







Sûreté : elle est mauvaise sous l'ancien régime, par manque de moyens

pour l'assurer, par l'arbitraire royal (même si les lettres de cachet

ont surtout servi à embastiller quelques fils qui faisaient des dettes)

et par l'arbitraire seigneurial (par exemple la suppression des

communaux dans les temps de difficultés économiques). La Révolution n'a

pas apporté la sûreté : l'anarchie, puis la Terreur, véritable

terrorisme contre-terroriste d'Etat, ne le permettaient pas.

Ce

qui a apporté la sûreté, c'est la loi, que l'on voit trop souvent sous

l'angle de la répression et pas assez sous celui de la protection.



Résistance à l'oppression : le pouvoir établi n'est plus

sacré, on peut se révolter contre lui.



Ces principes définissent un état de droit. En principe. Car le

risque c'est que le populus, le peuple se fasse plebs, plèbe. C'est ce

qui arrive si l'on prétend ne pratiquer que la démocratie seule

: une dérive absolutiste du peuple, bien proche du fascisme ou de l'hitlérisme.

Il faut dont pour que tout cela soit viable une démocratie tempérée

par la république. La démocratie est une méthode, une technique.

Ce qui porte les valeurs et une sorte de messianisme, c'est la république.



Comment

donc la république tempère-t-elle la démocratie : en faisant des

citoyens éclairés, et cela par le travail, sans que la plus grande

partie du pouvoir dépende de ceux qui comme le maître de Figaro ne se

sont donné que la peine de naître et rien de plus.



Il y a un

élitisme républicain fondé sur le travail, qui croit que l'on peut

donner un esprit civique en vue de l'intérêt général. Cela suppose la

laïcité, celle de Condorcet, puis celle de Jules Ferry, vosgien qui

veut des petits français pour la revanche) : il ne faut pas que

l'embrigadement religieux ou politique empêche cet élitisme

républicain. Cela suppose, d'une certaine manière, d'arracher les

enfants à leur identité familiale même si

cela peut paraître choquant quand on le formule ainsi (exemple des gens



du voyage, dont les enfants si on les laisse vivre comme leurs parents

reproduisent la même vie misérable et souvent délinquante).



Grâce à cela, la république fait une nation. Pas des communautés

juxtaposées comme on entend parler de la communauté juive, de

la communauté musulmane : la république ce sont des citoyens abstraits,

ce qui permet d'ailleurs le cosmopolitisme, celui de Rivarol, celui de la colonisation, celui de la république d'aujourd'hui.



Tous cela fait que la république aujourd'hui est enracinée. Elle

connaît des problèmes, mas ces problèmes, les monarchies



d'Europe les connaissent aussi. Le pouvoir n'est plus vertical mais

horizontal, et l'individualisme fait que l’on consomme aujourd'hui les

régimes

sous la forme de l'alternance des gouvernements, consommation qui paraît

un peu plus problématique dans une monarchie.



Question dans le public : Le prédécesseur de M. Ragache au grand

Orient, a parlé de l'islam comme d'une " chance pour la France ".

Qu'en pense M. Ragache ?





M. Ragache : Je ne me souviens pas qu'il ait dit cela, il a sans doute plutôt

dit que l'immigration devait permettre de régler un problème de

main d'œuvre. D'ailleurs les problèmes que nous avons avec les immigrés

sont essentiellement liés à la situation économique : il

n'y avait pas ces problèmes durant les 30 glorieuses.



Autre question : Les francs-maçons sont-ils aujourd'hui autorisés

dans toutes les monarchies ? dans quels pays sont-ils interdits ?



M.

Ragache : Ils sont interdits dans les pays totalitaires communistes et

dans les pays totalitaires de droite. Et dans les pays islamiques à

part deux

ou trois exceptions comme la Jordanie.



Puis ce fut au tour d'Hilaire de Crémier de pourvoir prendre la parole :



Cette confrontation est intéressante et il le faut car le moment est

venu des questions sur l'avenir de la France.





M. Ragache parlait de Rivarol, mais justement : Rivarol avait compris

comment la république, précisément avec ses principes abstraits,

aboutirait au contraire de ce qu'elle se proposait.



Est-elle d'ailleurs si assurée cette république ? elle s'est installée

de manière lente, dans des soubresauts incroyables : il a d'ailleurs

fallu la consolider en se tournant vers Bonaparte, et on peut même se

demander si elle n'a pas le besoin régulièrement de se "

ressourcer " dans un principe d'autorité, sans toutefois vouloir

le faire dans l'autorité légitime.



Si la république a pu paraître recevoir un surcroît de légitimité



avec la victoire de 1914, il ne faut pas pour autant oublier que la 3e

république a fini dans la défaite, la 4e dans l'incohérence et

l'absurdité,

au point qu'il faut se demander si tout cela n'est pas le signe d'un problème

au cœur de nos institutions.



Charles de Gaulle, justement avec la IVe république finissante, a voulu

arracher la France au régime des partis. C'est toute l'ambition de la

Ve république à son origine : permettre en supprimant le régime

des partis une véritable politique nationale. Mais il en a été



de Charles de Gaulle comme de Mac Mahon (et dans une certaine mesure de

François Mitterrand) : ils se sont sentis à la bonne place, et cela

même

permettait la perpétuation du vice du système républicain

quand bien même ils auraient voulu l'extirper complètement. Il

y a des constantes dans l'histoire dirait Bainville.



Vous avez défini, M. Ragache, la république dans ce qu'elle peut

avoir de convaincant. Mais elle n'est pas laïque, elle est athée

: c'est une métaphysique de remplacement., aux principes essentiellement

abstraits. Et c'est cela qui fait question aujourd'hui derrière l'inquiétude

doctrinale profonde que l'on trouve chez bien des éditorialistes : la

république est une religion, mais cette croyance est en émiettement

parce que le libéralisme est remis en cause.



" La république " : res publica, la chose publique. On a évoqué

Platon, mais on pourrait aussi parler de Bodin, qui voyait précisément

dans la monarchie le régime propre à sauver la res publica, la



chose commune, le souci du bien commun. Et l'individu moderne est

justement en train de pulvériser la république en tant que bien commun.



Que faudrait-il faire, si l'on néglige le côté démagogique,

pour remédier à cela ? Restaurer l'autorité de l'état

; ramener l'Etat à assurer ses missions justement dites régaliennes

; décentraliser.





Car voilà deux siècles que l'on prêche la liberté abstraite et les

Français en sont réduits à exiger leurs libertés. Ainsi la

décentralisation est essentiellement contraire aux principes de la

république une et indivisible, et le récent avis du conseil d'état sur

la loi Raffarin dit bien que vouloir faire

une république décentralisée, c'est aller contre les principes



mêmes de la république car ce serait laisser la liberté de leur budget

aux régions. Pourtant ce serait nécessaire de l'avis de beaucoup si

l'on veut que la France vive demain, comme patrie ou comme nation, dans

la modernité, ou, comme l'on dit, dans la post-modernité.



Tout cela devrait d'ailleurs amener les esprits à s'assouplir quant aux

problèmes idéologiques pour s'affronter aux vraies questions, et pas à des fictions juridiques ou métaphysiques.



Remarque dans le public : Le réquisitoire que l'on vient d'entendre contre

la république aurait été possible dans tous les autres

pays d'Europe et en particulier dans les monarchies. Si l'on se réfère

à l'exemple américain, ce qui nous manque, ce n'est pas tant alors

la monarchie que des contre-pouvoirs



Question dans le public : Peut-on avoir un éclairage conceptuel sur la

légitimité ?



Réponse de M. Menissier : On a parlé de Bodin, mais lui aussi

participe au mouvement vers l'abstraction, bien que monarchiste, il préfigure

la république par sa conception de la volonté générale

et de la souveraineté. L'abstraction peut paraître difficilement

légitime, mais c'est parce qu'elle ne s'incarna pas tout le temps, et

même pas très souvent. L'histoire politique est justement l'histoire

lente et parfois chaotique d'abstractions qui prennent corps.



M. de Crémiers : Mais la souveraineté chez Bodin, n'est pas d'une

manière assez précise et peu abstraite l'indépendance,

contrairement à la volonté générale purement abstraite

de Rousseau ?



M. Menissier : Bodin parle en effet des marques de souveraineté, qui

sont concrètes, mais il précise bien que la souveraineté

ne se limite pas à ces marques et lui réserve donc au-delà

d'elles un caractère abstrait qui préfigure la volonté

générale, des abstractions constituantes qui forment une idée

du sacré qui correspond de moins en moins au Dieu chrétien.



M. de Crémiers : Le concret supporte pourtant assez mal l'idéologie.

L'absolu est redoutable quand il fait irruption dans le relatif, et s'il y a

eu séparation de l'Eglise et de l'Etat, on peut se demander si l'Etat,

lui s'est bien séparé d'une forme d'église quand il prétend

former une idée du sacré.



M. Ragache : Mais vous qui ne cessez de réclamer contre l'abstraction,

n'êtes vous pas extraordinairement abstrait ? Il est toujours facile quand

on est " dans l'opposition " de critiquer, mais concrètement,

quelle forme de monarchie proposez-vous ? Un système qui repose sur un

homme est fragile, on le voit en Belgique où Baudouin était intelligent,

mais où on ne peut pas en dire autant d'Albert. Et dans cette optique

que fait-on de l'Europe ? faut-il donc mettre un roi à sa tête

?



(La discussion entre les orateurs est interrompue faute de temps afin de privilégier une dernière question dans le public)



Question

dans le public : Tout cela est bel en bon, mais pour l'instant personne

n'a ici parlé des urgences : la démographie, le métissage

et l'invasion migratoire.



Me Haye : Cette question est intéressante, mais nous nous placions ici



à un autre niveau. Il ne faut pas avoir sur ces sujets de position

dogmatique, et l'on peut penser que la monarchie saurait mieux s'en

débrouiller que la république, puisqu'elle ne serait précisément pas

dogmatique.



Pour finir, M. Alexandre, l'un des fondateurs du Cercle Louis de Frotté



fit une petit allocution où il se félicitait de ce débat et de que le

Cercle l'ait organisé. Un vin d'honneur prolongeait la fin de

l'après-midi.



T.G.



CF. : http://www.cercle-louis-de-frotte.com
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