Rennes s'enflamme !

Actualité Rennes
Édition du jeudi 05 avril 2007
Les feux de palette dans un quartier protégé poussent les policiers à intervenir. Ils servent de prélude aux affrontements.

Préfecture et Ville : « Une minorité veut mettre le feu »
« Les voilà ! » Pour certains, le jeu consiste à attirer les policiers avec des feux de palette. « Quand un incendie éclate dans l'hypercentre, il faut l'éteindre », remarque Stephan de Ribou, directeur de cabinet du préfet. Tout se passe comme si la pièce se déroulait en deux actes. « Dans un premier temps, les forces de police se font discrètes. Mais quand elles interviennent contre les feux, les bouteilles et les boulons se mettent à pleuvoir », commente Jean-Yves Gérard, adjoint à la sécurité. Préfecture et mairie partagent la même analyse sur les événements. « Il y a une minorité qui vient pour en découdre. Ils cherchent à entraîner les autres, sous l'influence de l'alcool. » Face au risque de surenchère, les autorités entendent travailler main dans la main. « On ne va pas laisser faire », promet Jean-Yves Gérard. Le dispositif Dazibao est un succès mais il montre ses limites. « Nous préparons de nouvelles actions de prévention contre l'alcool. On s'aperçoit que de nombreux jeunes ne connaissent rien de ses dangers », poursuit le maire adjoint.
Ouest-France

Face aux jeudis agités, le désarroi des habitants
Les violences récentes autour de la place Saint-Michel poussent riverains et commerçants à déposer plainte. Ils demandent que le quartier « redevienne vivable ».
Les dernières nuits du jeudi ont marqué une escalade dans les nuisances dénoncées par les riverains, habitués depuis des années à subir la présence bruyante de fêtards. « En mars, c'est encore monté d'un cran », racontent des habitants placés aux premières loges. Résidant autour de la place Saint-Michel, ils ont décidé de réagir en signant un dépôt de plainte qui sera adressé au procureur de la République.Rédigée en forme de pétition, la lettre porte le nom d'habitants et de commerçants. Appartenant à plusieurs secteurs d'activité (restauration, photographie, horlogerie, pharmacie, bijoux, hôtellerie, textiles, etc.), ils signalent en annexe les dégâts matériels, comme les vitres brisées, portes détériorées et poubelles brûlées. L'un d'eux fait remarquer que le portail donnant accès à la cour Saint-Michel, installé à grands frais par les copropriétaires, est régulièrement vandalisé. « Il a coûté 4 000 € à chacun, précise Jacqueline, qui habite au premier étage. La cour servait trop d'urinoir. Certains ont dû emprunter. Une nuit, mon mari s'est levé pour empêcher la casse. Il est apparu en peignoir. Les flashs des portables ont alors crépité par dizaines. Vous imaginez la scène ! »Des anecdotes sur leur nuit du jeudi, les témoins en apportent à la pelle. Par exemple, la commerçante Christina aurait de quoi écrire un livre de (mauvais) souvenirs. Aujourd'hui, elle préfère trouver refuge chez des amis. « Je ne supporte plus d'entendre bouger la grille de mon magasin. » Après des mois de relative accalmie, mars vient d'annoncer le grand réveil des soirées festives. La nouveauté, c'est la montée d'une certaine violence, perceptible avec la mise à feu de palettes. Le même scénario s'est répété ces deux dernières semaines. De sa fenêtre, Jacqueline a tout vu. « Quand je suis arrivée il y a sept ans, je savais que le quartier était chaud. Mais il devient de plus en plus difficile à vivre. Il m'arrive d'appeler la police plusieurs fois par nuit. A chaque fois, elle me répond. Le feu de palettes était organisé. C'est l'incendie qui déclenche l'intervention des forces de l'ordre. Les jeunes tentent de monter des barricades avec des palissades de chantier. » Des habitants désemparésAdhérents de l'association Vivre à Rennes Centre, les plaignants ne veulent pas passer pour des rabat-joie. « On essaie de ne pas être négatifs. Nous ne sommes ni anti-jeunes, ni anti-fêtes, ni anti-bars, souligne Armelle, vice-présidente. En fait, les habitants sont désemparés face aux nuits chaudes et se demandent qui pourra leur apporter la solution. « Il n'y pas si longtemps, on rendait la préfète responsable de la tension. La préfète est partie, les problèmes demeurent. On ne sait plus trop à qui s'adresser. On a l'impression que tout le monde se renvoie la balle. Mais que deviendra le quartier quand on ne pourra plus y vivre · » Alain THOMAS.
Ouest-France