Coupable de légitime défense ?

L’horloger-bijoutier qui a tué son agresseur lors d’un braquage est mis en examen pour homicide. Ira-t-il aux assises ? Retour sur un fait divers exemplaire.

Depuis ce 19 juillet, Alain C. ne pense qu’à ça. N’en finit pas de se remémorer le jour où sa vie a basculé comme dans un mauvais polar. Il a beau faire, tenter d’oublier en partant se reposer en Normandie, en lisant, en faisant du vélo… Impossible. Cette histoire, ou plutôt ce drame, le hante. Car Alain C., horloger-bijoutier depuis plus de quarante ans, a tué un homme par une chaude après-midi d’été. Dans son magasin. À Paris.

Pourtant, il n’a fait que se défendre face à son agresseur. Il n’a fait que sauver sa peau. Simplement. Le dilemme était clair : c’était lui ou moi. Bref, il se trouvait en état de légitime défense. Ce que, pour l’heure, la justice ne lui reconnaît pas puisque le juge Nicolas Blot l’a mis en examen pour homicide volontaire. Il encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle. Mais son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, spécialiste du droit des victimes, est confiant, surtout après la reconstitution des faits, ce mardi 28 août, ne désespérant pas que son client obtienne un non-lieu et évite les assises. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Ce 19 juillet 2012, il est 15 heures. Comme il le fait depuis des lustres, Alain C., 60 ans, se trouve dans son magasin de l’avenue de la Motte-Picquet, non loin de l’École militaire. Il répare une montre. La routine. Un travail qu’il connaît à merveille. Il est seul. Soudain, un homme, arme au poing, la cinquantaine, corpulent, surgit.